C'est un quatorze juillet, que je suis née. Peut-être que ce sont le bruit des feux d'artifices qui explosaient en plein ciel, qui ont attisés ma curiosité, de sorte à ce que je décide qu'il était temps pour moi de sortir au grand jour. Parce que j'avais quand même deux semaines d'avances et que mes parents ne s'attendaient pas à cette arrivée fracassante. D'autant plus que l'accouchement s'est fait très rapidement. En deux heures à peine, j'étais déjà là et je hurlais à en perdre haleine. Les sages femmes étaient surprises de constater que tout s'était passé aussi rapidement que cela. Quand bien même j'avais déjà un frère aîné, âgé de trois ans de plus que moi.


Polie, gentille, respectueuse et bonne élève. C'était tout moi ça. Dès mon entrée à l'école maternelle, je me suis faite remarquer pour toutes ces raisons. Je ne criais jamais et j'obéissais toujours aux ordres de mes parents et des institutrices. J'étais la chouchoute de tout ce beau monde et ça m'allait parfaitement. Quant à mon frère, il avait tendance à être un poil trop dissipé. Il n'aimait déjà pas les règles, du haut de ses six ans et ça ne tendait pas à changer. Tout au contraire ... Il semblait que ça allait de mal en pis. Nous avions pourtant droit à la même éducation tous les deux. C'était donc sans doute une question de caractère.


C'est à mon entrée au collège, que j'ai commencé à changer. Pas de façon radicale non plus. Disons simplement que je commençais à m'ouvrir véritablement et à comprendre le sens de la phrase "profiter de la vie". Bien entendu, mon frère, m'entraîna dans quelques unes de ses bêtises. Rien de bien méchant non plus. Disons simplement que je n'étais plus tout à fait la petite fille trop sage et trop gentille, que j'avais été pendant longtemps. Je voulais changer pour pouvoir profiter et toucher à tout. Je voulais déjà être adulte, pour être indépendante et j'en passe. Mais mes parents ne l'entendaient pas de cette oreille.


Après le collège, il fut l'heure pour moi d'entrer au lycée. J'avais toujours été une élève appliquée, qui rapportait de bonnes notes, malgré le fait que j'étais de plus en plus extravertie et sujette aux envies de faire des bêtises. Ca restait toujours dans la limite du raisonnable. Pourtant, c'était déjà trop pour mes parents. En effet, ils avaient décidés que j'allais entrer dans une école privée, pour me remettre sur le droit chemin. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas eus le choix et je suis donc entrée dans cette école qui ne me disait rien. Pourtant, c'est dans cette école là, que tout a changé pour moi. C'est là que j'ai rencontré celui que je nomme toujours "mon âme soeur".


J'avais seize ans et j'étouffais dans la vie de princesse, que mes parents me forçaient à avoir. Je devais faire semblant d'être heureuse quand l'on m'offrait des bijoux et des vêtements hors de prix. Mais contrairement à toutes ces gosses de riches, je rêvais de tout autre chose. Je voulais connaitre le grand frisson. Partir à la découverte d'un tas de pays. Je voulais mener une vie de bohème, devenir une artiste toujours sur les routes. Je voulais connaitre le vrai bonheur. Pas celui qu'on nous achète avec des objets de valeurs. Bref, j'étais la gentille petite fille qui attendait qu'il lui arrive un truc totalement fou. Un truc qui sort du lot, qui vient bousculer toute une vie bien trop rangée. Mon frère, de son côté, n'avait pas autant de soucis que moi pour ça. Depuis bien longtemps, mes parents avaient abandonnés l'idée de faire de lui, quelqu'un de "bien". Il faisait donc ce que bon lui semblait, quand bon lui semblait. Je lui ai toujours envié cette liberté ...


Chaque jour, j'étais un peu plus à bout de souffle, alors que je me devais de ramener de bonnes notes et organiser des pyjamas parties totalement niaises, simplement pour faire plaisir à mes parents. Et c'est là qu'il est entré en scène. Il s'appelait Nicholas et il n'avait rien à voir avec les autres garçons du lycée. Eux, c'étaient tous des intellos qui ne pensaient qu'études. Ou des sportifs qui se voulaient tombeur de ces demoiselles. Mais lui ... Il y avait quelque chose d'angoissant et terriblement sexy, dans sa façon de s'habiller et dans sa démarche. Personne ne manqua son arrivée à bord de sa moto rutilante d'ailleurs. Cheveux en pétards, regards de braise, clope au bec, veste en cuir, jean troué et paire de Rangers aux pieds. Mais si les filles le regardaient avec envie, il ne daigna pas poser le regard sur qui que ce soit. Ca ne le rendait que plus attirant encore.


C'était le type le plus associable et solitaire, qu'il m'avait été donné de voir. Dans la cours de récréation, il se contentait de s'asseoir sur le dossier d'un banc et de rester ainsi, jusqu'à ce que la cloche ne sonne. J'ignorais comment il était en cours mais je l'imaginais parfaitement s'asseoir au fond de la salle, seul, et attendre que ça se passe. A la sortie du lycée, il montait sur sa bécane et disparaissait sans tarder. C'était tous les jours ainsi ... Et je l'observais tout le temps avec une grande attention. Il me rendait réellement curieuse. Je voulais en savoir plus sur lui et comprendre pourquoi il était ainsi. Quand je l'aie mentionné devant mes parents, ils se sont contentés de me mettre en garde devant ce genre de type. Et ils semblaient surpris qu'il ait eut droit d'entrer dans ce lycée privé. Moi, je ne voyais pas pourquoi il n'aurait pas eut ce droit. Si ses parents avaient payés sont inscription, sous quel prétexte aurait-il pu être refusé ?


"Salut ! Je m'appelle Jessica. Mais mes amis m'appellent Jess. Et toi ?" Ce n'était pas la meilleure entrée en matière qui soit, j'en conviens. Mais c'était la seule que j'avais été capable de mettre à exécution. Depuis des mois qu'il se trouvait dans notre lycée, jamais personne n'avait osé l'aborder. Mais moi je l'avais fais, contre toute attente. Moi, élève studieuse et populaire grâce à sa beauté et ... A ses parents. Je pouvais sentir des dizaines et des dizaines de paires d'yeux, qui guettaient les réactions de ce type que bien des gens craignaient. "Je m'appelle Nicholas. Maintenant dégage !" Comme si j'allais lui obéir ... Au lieu de ça, je me suis assise sur le banc qu'il occupait comme tous les jours. Et je suis restée là, assise, totalement silencieuse. Au bout d'un long moment, j'ai sentis son regard se poser sur moi. Je ne doute pas qu'il était surprit par mon audace et par mon comportement. Je devais être cinglée ...


"Et ensuite ?" "Ensuite, rien." J'ai laissé échapper un soupir excédé, alors qu'il s'entêtait à garder le silence. Je devais constamment lui tirer les vers du nez, pour qu'il me raconte sa vie, son passé et tout ce qui le concernait, tout simplement. J'étais porutant avide d'en savoir plus sur son compte, toujours plus. "Nick, quand tu fais ça, j'ai envie de te frapper !" Ok, ce n'est peut-être pas la chose la plus intelligente, que j'ai dis au cours de ma vie. Surtout à un type tel que lui. Mais j'étais lancée et il m'agaçait prodigieusement. J'avais parfois envie de le secouer pour qu'il retombe sur terre et réalise que je voulais sincèrement être proche de lui et tout savoir de lui. Que je ne le fuirais pas s'il venait à m'apprendre ses secrets super glauques. "T'as qu'à essayer, pour voir." J'ai tout de suite vu qu'il me défiait tout en se moquant de moi, persuadé que je n'aurais jamais un tel culot. Pourtant, je l'ai rapidement détrompé. Ma main est partie à la rencontre de sa joue, avant même qu'il n'ait eut le temps de dire ouf. En guise de punition, il m'a empoigné par le poignet m'a attiré à lui. Mais quand nos corps sont entrés en collision, nous nous sommes tous les deux figés, avant de nous embrasser à en perdre haleine. Aucun de nous n'a vraiment fait le premier pas. Nous avons fais ce geste en même temps, avons eus cette envie en même temps ...


C'est une relation secrète, qui a démarré entre nous. Mes parents ne devaient surtout pas savoir que je sortais avec ce "voyou". J'ignorais totalement ce qu'ils pouvaient faire mais je ne doutais pas qu'ils voudraient à tout prix nous séparer. Alors j'ai gardé le silence et il en a fait de même. On se retrouvait dans les salles de classe vides, pour ne pas être vu par qui que ce soit. Il montait dans ma chambre le soir, pour venir me retrouver en silence. Bref, notre relation secrète n'était que plus excitante encore. Pour la première fois de ma vie, je me sentais heureuse. Je bravais les interdits, je faisais ce que bon me semblait et je vivais tout simplement le grand frisson. Mais ce n'était évidemment encore rien, en comparaison de la suite des évènements. Ce que j'ignorais encore. Pour entrer plus en détail encore, il n'y avait jamais rien eus d'autres que des baisers entre lui et moi, jusque là. Certes, des baisers très passionnés, qui nous laissait pantois, dans les bras l'un de l'autre. Mais nous étions conscients de braver suffisamment les interdits, comme cela.


"Le drogué ? Tu sors avec cet imbécile de drogué ?" J'étais consciente que je n'aurais pas du le dire à mes parents. Mais après un an de relation, il était tout de même plus que temps. Nicholas et moi ne pouvions pas continuer à nous voir sans qu'il n'y ait d'évolution, dans notre relation. "Papa, ce n'est pas un drogué ! Oui, il fume. Mais de nos jours c'est fréquent !" "Tu as vu sa façon de s'habiller ? Et il se déplace en moto ! Il n'y a rien de plus dangereux ! Et tu n'as sans doute pas entendu parler des rumeurs !" Les rumeurs, je m'en foutais. D'autant plus que concernant Nicholas, elles allaient bon train. On le disait alcoolique à seulement dix neuf ans. Soit disant qu'il arrivait en cours, totalement ive. Alors que je ne l'avais jamais vu dans cet état. On disait qu'il avait violé une fille qui lui avait valut de passer deux ans dans un centre de redressement pour jeunes. Mais moi, je ne croyais rien de tout ça. Je l'aimais et personne ne pourrait m'en empêcher. "Je veux que tu arrêtes de le voir ! Dès demain j'appelle le proviseur pour qu'ils nous le foute dehors !


"T'es sûre de toi ?" "Plus que jamais ! Personne n'a le droit de nous séparer." Sans doute surpris par la véhémence de mes paroles, il m'a regardé un moment en silence, avant de s'approcher de moi pour m'embrasser délicatement. J'aimais sa façon de se montrer tendre avec moi, bien souvent. Sa façon de me dire je t'aime, bien à lui. Et qui me rendait toujours le sourire. "On y va ?" "C'est parti !" A bord de sa moto et avec un sac à dos et un sac de sport, nous avons quitté les lieux, en pleine nuit. J'avais préparé mes affaires juste après le dîner et les avais dissimulées sous mon lit. A minuit précise, j'avais quitté la maison et filé près du parc où je savais que Nicholas se trouvait, avec sa moto. De son côté, il ne laissait qu'un père alcoolique auquel il avait cessé de parler depuis des années. Nous partions pour une vie d'amour et d'eau fraîche. J'étais persuadée que tout irait pour le mieux dès le moment où nous aurions quittés la ville.


Et j'ai eus raison ! Du moins, ça a été le cas, pendant un long moment. De longs mois de pur bonheur. Un bonheur sans nuage. Un amour sans limite ... Mais ça ne pouvait pas durer éternellement ainsi. Même si j'ai longtemps voulu croire que si. Sans doute ais-je été trop naïve. Je n'en sais trop rien. Tout ce dont je suis certaine à présent, c'est que je me suis longtemps voilé la face. Mais je l'ai aimé et j'ai sincèrement pensé que c'était réciproque. J'aurais tout donné pour lui. Tout fais par amour. La preuve, j'avais quitté ma famille, pour lui et notre amour. Ni plus, ni moins. Mais voilà ... Un an après notre départ précipité, tout s'est achevé, de façon presque violente. Trop brutale pour moi. J'étais en train de rentrer d'une soirée de travail, dans le petit restaurant dans lequel j'étais serveuse depuis quelques mois. Je l'ai trouvé dans la cuisine, occupé à fumer clope sur clope. J'ai de suite sentis que quelque chose clochait. Je l'ai toujours trop connu, pour que ce genre de chose ne passe tout à fait inaperçu. En silence, je me suis assise en face de lui et l'ai interrogé du regard. "C'est terminé Jessi' ..." "Qu'est-ce qui est terminé ?" "Nous ! Cette relation. Ces conneries ! T'es une fille à papa. T'as besoin de ton petit confort chez tes parents. Et de mon côté, j'ai besoin de pouvoir faire ce qui me chante. On n'est pas faits pour vivre tout ça ensemble. Je regrette d'être parti avec toi. Je regrette d'avoir gâché deux années de ma vie avec toi !" Il a toujours su faire mal avec des mots. Je m'en étais déjà rendu compte dans le passé, lorsque nous nous disputions tel un vrai couple. Mais ce jour là ... Il a sonné le gla de fin ...


"Chérie, tu n'as pas oublié que ce soir nous mangions chez les Faure ?" Je soupire et hoche négativement la tête. Non, je n'ai pas oublié. Et je sais qu'il le sait ... Tout comme je sais qu'il me pose la question, uniquement parce que nous n'avons rien d'autre à nous dire. Nous n'avons jamais rien de bien intéressant à nous raconter. Simplement nos journées et encore ... C'est vite dit. "A vingt heures, chez eux. Je me souviens ..." Et quelques heures plus tard, nous nous présentons ensemble, dans l'immense villa des Faure. Un couple d'industriels très fortunés, qui font beaucoup parler d'eux et qu'il est bon d'avoir dans la poche. Ce soir là, je me retranche derrière un visage poli et courtois et un sourire avenant. Je ne fais que jouer la comédie. Ma relation avec cet homme riche, n'est qu'une comédie à elle toute seule. Je suis sa fiancée, parce que je lui fais honneur quand nous nous rendons quelque part. Il veut donner une image parfaite de lui. L'homme amoureux et sur le point de nous marier. Mais notre relation n'es que de convenance. Ca arrangeait aussi nos deux familles. Il est riche, vient d'une famille importante ... Bref, le prince charmant duquel toutes les femmes rêvent. La seule chose d'intéressant dans notre relation, c'est sans doute le fait que nous ne nous sommes pas promis la fidélité. Il lui arrive sans doute d'aller voir ailleurs, tout comme moi. Nous ne nous aimons pas. Donc, pas de jalousie. Alors, pourquoi être exclusif l'un à l'autre ?

Mon coeur appartient et appartiendra toujours à un autre homme. Celui qui m'a apprit à vivre. Qui a éveillé en moi, une flamme qui a été éteinte le jour même où il a décidé de me quitter ...