SEATTLE

« Je peux savoir ce que tu fais ?» « Mes valises. Ca ne se voit pas ?» «Tes valises ? Et je peux savoir pour aller où ?» «Bah en faite, j’en sais rien ! Je me verrais bien faire le tour du monde» «Le tour du monde ? Tu es tombé sur la tête ou quoi Jagger ? On laisse pas tout tomber pour aller je ne sais où ! T’es complètement fou». «Je ne laisse pas tout tomber Baile. Je pars en voyage.» Je me tournais vers elle, une paire de chaussette à la main et souris tendrement. Ca faisait 3ans maintenant qu’on vivait ensemble et il fallait l’avouer, elle comptait énormément pour moi. Non, pas comme vous l’imaginez. Entre nous, c’était juste une belle et longue amitié. Bon ok… il y avait déjà eut plus mais après tout, on ne sait pas tant qu’on ne teste pas, non ? Puis au moins, maintenant les choses étaient claires entre nous. Du moins, pour moi. «Pourquoi maintenant ?» «Et pourquoi pas Baile ? ! Je suis un simple pompier, pas vraiment d'attache. J’ai envie d’aventure. J'en ai marre de rester là sans rien faire. Je m'ennuie...et tu le sais» «Je rêve… Et tu comptes jouer à Dora l’exploratrice combien de temps ?» «J’en sais rien… A vrai dire, je ne suis même pas encore sûre de revenir. Tout dépend de ce que je trouve là-bas. Ou de qui.» Baile se leva du lit et sorti de la chambre contrarié. Il fallait l’avouer, sur le coup je ne compris pas tout. Pourquoi le prenait-elle comme ça ? Bon ok, elle allait se retrouver toute seule à l’appart mais c’est pas comme si ça allait durer longtemps ou encore, comme si c'était dur de trouver un nouvel coloc à Seattle ! Je terminais donc de ranger deux trois trucs dans mon sac puis alla la retrouver au salon.
«Tu vas vraiment faire ça ?» «Quoi ?» «Me faire la gueule alors que je suis sur le point de partir pour je ne sais combien de temps ! J'ai pas envie qu'on se prenne la tête B.» «Fais ta vie Jagger ! Tu veux partir ? Et bien part. Fais toi tous les meufs que tu veux, éclates toi, fais ce que tu veux. Moi, tu m'excuseras mais j'ai The Voice à regarder.» Je la regardais blasée mais bizarrement, n’insista pas plus. Si elle voulait le prendre comme ça, c’était son choix. Puis je n’avais pas vraiment envie qu’elle me fasse changer d’avis ou encore de me prendre la tête juste avant de partir. Je déposais donc mes affaires près de la porte puis gribouilla quelques chiffres sur un bout de papier. «Si un jour tu as envie de m'appeler. Hésites pas.» J'essayais de capter une dernière fois son regard pour lui faire comprendre que l’air de rien, elle allait me manquer mais rien n’y fit. Elle était beaucoup trop têtue et fière. Je pris donc ma valise, monta dans la voiture, mis la radio à fond et m’en alla pour l’aventure !


BARCELONE

« C’est à vous ? » Je tournais la tête vers mon interlocutrice et acquiesça d’un sourire. « Aux dernières nouvelles, c’est bien mon nom sur les papiers. Pourquoi ? » La jeune femme s’approcha de moi et me regardais droit dans les yeux. « Parce que c‘est une Chevrolet Impala de 67 et que j‘ai toujours voulu faire un tour avec. » Je la regardais étonné puis sans vraiment réfléchir, lui lança les clés. Non, je n’avais aucune idée de qui elle était, ni ce qu’elle voulait vraiment mais j'avais comme « confiance » . Enfin c’était beaucoup dire. Disons plutôt que je n’avais pas peur. Quoique non… ça non plus c’était pas vraiment juste. Enfin bon, quoiqu’il en soit, j'étais prêt à lui laisser conduire mon petit bijoux et cela, sans aucune raison.
Je montais donc après elle et la regarda démarrer la voiture avec un grand sourire aux lèvres. « Je peux savoir où on va ? » « Vous devez aller où? » « Nulle part et partout en même temps » « Ca tombe bien moi aussi ! » Elle commença donc à prendre quelques courbes sans prononcer le moindre mots pendant que je la regardais fixement. C’était pas très poli ou discret, mais je ne pouvais m’en empêcher. Elle était si… belle, naturelle, à son aise et ça m’étonnait tellement ce qui était entrain de se passer. Bon ok, les gens à Barcelone était très accueillants et un peu fou mais à ce point là… je ne me l’imaginais pas !
Quoiqu’il en soit, après quelques minutes sur la route, je me décida enfin de briser le silence. « Et je peux connaitre le nom de la femme à qui j’ai laissé ma Suzette ? » « Sérieux ? Vous avez appelé votre voiture Suzette ? » « Bah quoi ! C’est très bien comme prénom. C’est féminin, mignon… » Je la vis éclater de rire et ne pus m’empêcher de faire pareil. « Vous l’auriez appelé comment vous ? » « N’importe, mais pas Suzette ! C’est un repousse femme ce nom ! Surtout sur une voiture comme celle-là ! » « Bon d’accord, je l’avoue, je viens juste de l’inventer. Mais n’empêche que je trouve que ça pourrait très bien lui aller. » Elle lâcha un dernier sourire puis se tut et continua son chemin vers je ne sais où. Comme si elle fuyait quelque chose ou qu’elle le cherchait. Pourquoi j'avais cette impression ? Et bien car quand je la regardais, j'avais l’impression de me reconnaitre. Non, je n’avais pas de long cheveux brun, une paire de seins et de jolies courbes, mais plutôt cette même envie d’aventure qu’elle avait l’air d’avoir. Et bon, tout le monde savait qu’on avait pas envie d’aventure juste comme ça !« Aitziber » « Quoi ? » « Je m’appelle Aitziber » « C’est mignon. » « Plus mignon que Suzette en tout cas ! Et toi, ton nom c’est quoi ? » « Jagger » « Pas mal non plus. »
La jeune femme arriva ensuite à la sortie de la ville et se parka sur le bas côté de la route. Elle se tourna légèrement vers moi et me lâcha le plus naturellement du monde. « Bon maintenant qu’on connait nos noms, ça te dit de faire un bout de chemin ensemble ? J’ai besoin d’aller quelque part et ta voiture à l’air plutôt confort » « Plutôt ? » Je la regardais un moment puis alluma la radio « Je te laisse les premières heures puis on changera nos places. » Je me remis confortablement sur mon siège puis fixa la route un sourire un coin pendant un bon moment. L'aventure commençait enfin...


MONACO

Seul assis au bar, je fixais mon verre vide. C’était mon 6ème ou peut-être 7ème… Je ne comptais plus à vrai dire. Tout ce que je voulais, c’est qu’on me serve encore une fois. J'avais besoin d’oublier et d’après ce qu’on disait, il n’y avait rien de mieux que l’alcool pour ça. Je fixais donc le serveur et lui fis un petit signe de main pour qu’il s’approche de moi. « C’est combien la bouteille ? ». Le jeune homme me regardais bizarrement puis après quelques secondes de silence ou de réflexion, aller savoir, il me répondit enfin. « 65euro. » « Ok. » Je chercha dans mon portefeuille sans ricaner sur le prix puis déposa les billets sur le comptoir. J'attrapais ensuite la bouteille et alla m’affaler sur un fauteuil non loin pour pouvoir la boire tranquillement. Du moins c’est-ce que je pensais. Car à peine posé et la bouteille de wiskhy ouverte, une jeune demoiselle s’approcha. « C’est triste de boire tout seul. » Je levais le regard vers la jolie blonde et ne dénia même pas lâcher un petit sourire poli. Je n'étais pas d’humeur et ne voulais vraiment pas de ça ce soir. « Ce qui est plus triste c’est que tu utilises ce genre de phrase pour coller un mec. Ou la bouteille qu’il a sur la table. » Oui bon ok… j'étais vraiment pas d’humeur. Mais ça pouvait ce comprendre. Après tout, je venais d’enterrer ma meilleure amie, celle qui avait parcourut le monde entier avec moi, celle que j'aimais, celle que j'avais tué…

FLASHBACK

« Allez Jag’ ! Arrête de faire la gueule s’il te plait ! » « Aitziber, c’est bon. » « Non c’est pas bon. Je vois pas pourquoi tu le prends comme ça. » « Que je prenne quoi comme ça ? » « Bah justement je ne sais pas. Je comprend pas pourquoi tu fais la tête. » « Je rêve ! » « Mais dit moi. Comme ça je pourrais au moins m’expliquer ! » Je ne prononça plus un mot et continua à conduire sans même la regarder une seule fois. Il était 5heure du matin, on venait de sortir d’une boite de Prague et il fallait l’avouer, j'étais crevé. Alors les discussions à deux francs cinquante, c’était pas le moment. Après tout, si elle voulait vraiment discuter et s’expliquer, elle n’avait qu’à attendre le lendemain matin. Pas si dur, non ? En plus, elle était complètement déchirée et tout le monde sait que dans un état pareil, les conversations ne sont jamais très constructives. Donc c’était pour le bien des deux. « T’es vraiment pas marrant toi dès fois ! » « Vraiment désolé de te décevoir mademoiselle. T’avais qu’à rentrer avec une de tes conquêtes de ce soir » Et oui… toute cette histoire car j'étais tout simplement jaloux. Mais que vouliez-vous, c’était obligé que ça se termine comme ça. Ca faisait deux ans qu’on voyageait ensemble, qu’on était tout le temps fourré ensemble, dormait ensemble, couchait ensemble et bon… Je n’étais pas fait de pierre non plus. Ok, c’est moi qui l’avais repoussé il y a quelques temps de ça quand elle avait avoué ses sentiments mais bon, ce soir, la voir coller tout ces mecs, ça avait été de trop. Je me passais une main sur le visage pour essayer de me calmer et me réveiller, quand tout d’un coup la jeune femme revint à la charge. « Allez Jag’ ! Pète un bon coup et explique moi. Tu sais que ça me fait chier quand on se fait la gueule. » A peine sa phrase terminé, je me retourna énervé vers elle et comme si c’était de sa faute, ou que je n’en pouvais plus de ressentir ce que je ressentais pour elle, je lâcha tout d’un coup « Le problème c’est que Je t’aime Aitziber ! Que je suis tombé amoureux d’une petite chieuse qui fait que jacasser alors que… » Là, je n’eus même pas le temps de terminer ma phrase, ni d’imprimer son visage une dernière fois, qu’un camion nous fracassa de plein fouet en plein milieu d’un carrefour.

FIN DU FLASHBACK

Je bus une dernière gorgée de mon bon wiskhy puis m’en alla du bar. Je devais prendre l’air. Pourquoi ? Tout simplement car l’alcool ne m’aidais pas à oublier. Je me souvenais toujours aussi bien de ce moment, de son regard, de cette connerie de dispute, de ses dernières paroles… Dire qu’à cause de moi, la dernière chose qu’elle avait entendu c’est qu’elle était une chieuse qui n’arrêtait pas de jacasser… Bon ok, il y avait le je t’aime juste avant mais jamais je ne pourrais oublier ce que je lui avais fait...