J'ai mon permis de conduire depuis trois ans, j'ai même une voiture, une clio rouge, acheté d'occasion, mais je ne m'en sert pratiquement pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai la trouille. Conduire à Monaco ou même à Nice, c'est de la folie, alors, je préfère prendre le bus.

Ce jour là, lorsque je sort de l'université, j'ai la surprise de découvrir mon père et ma petite sœur âgée de sept ans. De toute évidence, ils m'attendaient, et il me faut plusieurs minutes pour me souvenir que les vacances scolaires de Laura commencent ce soir et que je dois la garder pendant deux semaines, car mon père et ma belle mère partent en voyage pour leur huitième anniversaire de mariage. La honte ! J'ai complètement oublier de prévenir Grégoire et le réfrigérateur est vide.

Évidemment, je ne vais pas dire à mon père que j'ai zappée ma sœur, et faisant comme si de rien n'était, je grimpe à ses côtés dans sa voiture. Il me dépose chez moi, fait un gros câlin à Laura et s'en va avant d'être en retard à l'aéroport. Pendant le trajet, j'ai envoyé un sms à mon petit ami, car notre petit dîner en amoureux sur le port est compromis ! De cette façon, il ne sera pas surpris de me voir débarqué avec Laura. Sa réponse ne tarde pas, il à déjà réservé pour trois personnes. Alors, soit mon père l'a mis au courant car il se doutait que j’oublierais, soit je ne lui en ai parler ça m'est sorti de la tête, ce qui ne serais pas étonnant venant de moi.

Bref, peut importe. J'installe Laura dans le bureau ou elle dormira dans un lit pliant, puis une fois fait, nous quittons l'appartement pour nous rendre sur le port ou nous attend Grégoire.

J'ai travaillé toute la journée, comme d'habitude. Les journées commencent à 8h, jusqu'à midi, il y a une pause de midi à 14h, et puis c'est repartie jusqu'à 18h, parfois plus tard si les rendez-vous tirent en longueur. Ca avait été le cas ce soir. J'avais commencé à travailler peu après avoir obtenu mon diplôme, il y a de ça un an, j'avais un poste en tant que banquier dans la relation client, en gros je m'occupais des comptes, j'avais aussi la tâche de vendeur qui consistait à convaincre les clients de mettre encore plus d'argent dans la banque en achetant une assurance, un forfait spécial pour leur téléphone, des services personnalisés.. C'était la partie économique qui me plaisait le plus, pas réellement le fait d'être tout le temps en contact avec des gens. Mais la crise n'existait pas ici. Après le boulot je devais rejoindre Mélanie, nous avions prévu de diner ensemble, enfin ensemble, avec sa soeur. Son père m'avait appelé dans l'après-midi pour me dire qu'elle arrivait, je lui avais dit que Mélanie s'occuperait de venir la chercher, tout ça.. Je n'étais pas très doué avec les enfants, même si elle avait sept ans et qu'elle n'était pas complètement attardée, je n'étais pas de ces personnes qui s'extasient devant l'innocence de ces enfants. Ca me laissait assez indifférent pour l'instant. Je recevais un message de Mélanie alors que je sortais du boulot pour me diriger vers le port, j'avais réservé une table pour trois à 19h30, elle m'informa que sa soeur se joignait à nous, comme si je n'étais pas au courant, ce qui signifiait qu'elle avait du elle même oublié puisqu'elle m'aurait probablement prévenu avant si ça n'avait pas été le cas. Je l'attendais en face du restau lorsqu'elle arriva suivit de sa cadette, je l'embrassais sur les lèvres rapidement avant de saluer la ptite, nous entrèrent nous installer à notre table, on nous donna la carte. « Tu l'avais oublié, avoue. » je lui demandais discrètement en montrant d'un signe de tête sa soeur installée entre nous deux. J'esquissais un sourire avant même qu'elle ne me réponde et jetais un coup d'oeil expert à la carte, aux prix, au contenu des menus. « Tu comptes l'emmener à la fac avec toi toute la semaine ? » rencherissais-je alors sur un ton naturel pour lui poser le problème délicatement et pour savoir si elle avait réfléchit à la question, en espérant qu'elle ne me demande pas de l'emmener avec moi.

J'adorais ma petite sœur, j'aimais m'occuper d'elle, la coiffer, faire de la pâtisserie avec, l'emmener dans les boutiques, ce genre de chose, mais avoir un enfant rien qu'à moi, non merci, ou alors, il faudrait qu'à la naissance il est déjà 10 ans passé, ce qui, vous en conviendrez, est absolument impossible ! En fait, pour dire la vérité, et vous aller sûrement me regarder différemment après cet aveux, je n'aime pas les bébés. C'est trop fragile, ça pue, ça fait que de hurler tout le temps, ça prend tout ton temps et ton énergie, et tu ne peut rien faire de la journée. Je suis peut être égoïste de penser cela, mais c'est ce que je ressent. Je tiens trop à ma liberté pour avoir envie d'être mère maintenant. Déjà, je n'ai pas terminer mes études, ensuite, Grégoire ne semble pas près non plus et pour finir, j'aime trop m'occuper de moi, m'amuser, lire un bon bouquin, regarder un film débile en me goinfrant de sucreries, passer du temps avec mon petit ami, aller au cinéma, au restaurant, faire les magasins, avec un bébé sur les bras, tout ça, c'est impossible. Et puis, avec mes cours et le boulot de Grégoire, il y a des jours ou on se voit à peine, avec un gamin, ça serait encore pire et je ne veux pas de tout ça.

Je changerais peut être d'avis un jour, lorsque j'aurais plus de trente ans, mais pour le moment, je ne veux pas y penser. Lorsque Laura et moi, nous arrivons sur le port, Grégoire est déjà là. Il nous attends devant le restaurant. Après un rapide baisé, nous entrâmes à l'intérieur ou une table nous attends. Nous nous assîmes et alors que je plonge mon nez dans la carte, Grégoire me glisse discrètement un « Tu l'avais oublié, avoue », il me connait par cœur. Je lui répond par un petit oui. J'ai honte d'avoir oublier ce détail important, surtout que ma sœur compte beaucoup pour moi, enfin bon, ce qui est fait est fait. Puis, mon copain me demande alors si je compte l'emmener avec moi à la fac, cette semaine.

« Non, je vais resté à l’appartement avec elle, » répondis-je.

Je pense que c'est ce que j'avais prévu de faire. J'avais réussis mes examens, et la semaine prochaine, je n'avais pas énormément de cours. De plus, le café ou je bosse est fermé.

« Sécheuse. » glissais-je à son égard alors qu'elle m'annonçait qu'elle resterait à l'appartement toute la semaine. J'aimais bien profité de mon nouveau statut, je n'étais plus étudiant, j'avais un travail, et ça faisait du bien, lorsque je voyais encore Mélanie galérer avec ses cours, j'étais bien content d'en avoir fini avec toutes ces conneries. La fac, c'était certes un monde à part, mais le monde du travail, même si beaucoup plus intolérable, était un tout autre monde également, difficile d'y faire sa place parfois, difficile de la garder... J'avais plutôt de la chance, depuis un an que je bossais, tout se passait pour le mieux.
J'examinais pendant encore quelques secondes la carte avant de lever les yeux vers Laura qui se murait dans le silence, elle nous regardait, suivait des yeux chacun de nos mouvements, comme intimidé, alors qu'elle me connaissait depuis toujours. « Qu'est-ce que tu veux ? » lui demandais-je alors pour la faire parler un peu, « Des frites et du coca. » répondit-elle. Basique. Elle n'avait que 7 ans après tout, c'était probablement son plat préféré. Je hochais la tête avant que le serveur n'arrive pour nous demander si nous avions fait notre choix, je commandais ma part, demandais un steak-frite et du coca pour la gamine et laissais Mélanie commander à son tour. Le serveur s'en alla une fois la commande complète. « Comment c'était ta journée ? » demandais-je alors à Mélanie, sincèrement intéressé par ce qu'elle allait pouvoir me raconter. J'aimais beaucoup lorsqu'elle me contait ses journées, lorsqu'elle me parlait de ses cours, qu'elle m'apprenait des trucs, qu'elle critiquait ses profs, je buvais toujours chacune de ses paroles comme s'il s'agissait de la parole divine. Je posais les yeux sur elle avant de les tourner vers Laura qui gesticulait sur sa chaise. Je la fixais un moment et elle me regardait aussi, ses yeux faisaient le tour du restaurant, elle regardait autour de nous les gens entrain de manger, puis elle me regardait, elle se tortillait d'impatience et c'était assez amusant à voir. Je décidais de la lâcher cependant des yeux pour m'intéresser au discours de ma petite amie.

Comme moi lorsque j'avais son âge, Laura n'était pas patiente. Nous venions à peine d'arrivé et elle aurait déjà voulu être servis. Malheureusement pour elle, nous n'étions pas dans un fast-food de Cannes ou sa mère avait l'habitude de l'emmener tout les mercredi, il n'y avait donc pas de jeux pour les enfants. Une chance pour elle, les frittes qu'elle réclamait étaient disponible au menu enfant. Je savais très bien qu'elle aurait préféré resté à l'appartement ou elle aurait pu regarder des dessins animés au faire du dessin, activité qu'elle adorait. Fort heureusement, même j'avais oublier sa venue, j'avais toujours au fond de mon sac un petit carnet qui ne me servait à rien, et un stylo bille. Je sorti le tout et le lui donna. Elle s'empressa de me remercier et commença à griffonner sur la première page.

Pendant ce temps là, Grégoire m'avait demander comment s'était passé ma journée, non sans oublier de me lancer un « Sécheuse », lorsque je lui avais dit que je restera à la maison pendant la semaine pour m'occuper de ma soeur. Lui ne pouvait pas en faire autant, mais il semblait en être ravi. Il ne me restait qu'un an études avant d'avoir terminé. Mais je savais déjà ou je bosserais, dans un cabinet de notaire ou j'avais fait l'un de mes stages. Le 'grand patron' était un ami de mon père et il m'avait promis qu'il m'embaucherait dès que j'aurais terminé la fac. Etre pistonnée ne me dérangeait pas, au moins, j'aurais pas à galérer pour obtenir un entretien qui se solderait par un refus. D'autant que j'avais pas l'habitude que l'on me dise non.

« Trop longue, »avouais-je. Même si je n'étais pas très expansive, il m'avait affreusement manquer aujourd'hui. Plus que d'habitude. Sans doute parce que cette semaine, je l'avais à peine vu. Cela dit, même si ma journée avait été longue, elle avait n'avait pas été inintéressante, et je me lançais dans un discours pour tout lui raconter dans les détails. Laura ne faisais plus attention à nous, jusqu'à ce qu'elle me tira sur la manche, car elle voulait aller au toilettes.

« Je reviens, »dis-je, en me levant.