Généralement, l'histoire d'une personne construit son caractère, sa personnalité. Le milieu dans lequel on vit, l'éducation de nos parents, des éléments importants et touchants dans notre vie, tout cela fait ce que l'on devient. Est-ce qu'il y a des exceptions à la règle ? Oui, bien sûr. Ce n'est pas parce que nos deux parents sont diplomés jusqu'au cou que l'on doit être aussi, ce que j'ai fait. Ce n'est pas parce qu'un de nos grands-parents est décédé à cause d'un cancer du poumon que son petit-fils ne goûtera jamais la cigarette, j'en suis encore la preuve vivante. Et ce n'est pas parce que son père est décédé dans un accident de voiture qu'on ne doit plus prendre le volant, et parfois dépasser la limite autorisée, ce que je fais.

Mon enfance ? Je pensais qu'elle allait se dérouler normalement, sans soucis. Tout aurait pu commencer normalement, si mon grand-père n'était pas décédé le jour de ma naissance. Grande tristesse, car toute la famille est partagée entre la joie et la tristesse. Triste aussi, car on m'a rabâché cette histoire à chaque repas de famille, et en particulier à chacun de mes anniversaires, puisque c'était également l'anniversaire de mort de mon grand-père. Il est de ma famille, je l'aurais probablement aimé de tout mon cœur si je l'avais connu, mais entendre cette histoire à chaque anniversaire, quelle barbe ! Tout aurait pu commencer correctement, mais les choses ont fait que ma vie n'allait pas être ordinaire. C'était écrit. Pourtant, à part ce point négatif, j'ai vécu assez heureux jusqu'à mes dix ans. En effet, mes parents m'ont élevé comme il fallait dans une banlieue calme dans la périphérie de Toulouse. Mon père était enseignant en français, ma mère banquière, je n'étais pas trop riche, je n'étais pas trop pauvre, juste ce qu'il fallait. Peut-être que c'est la situation parfaite, car on apprend en grandissant à ne pas vivre en prince, mais pas à devoir déprimer pour la moindre chose que l'on ne peut pas obtenir. J'étais heureux, surtout après la naissance de mon petit frère lorsque j'avais cinq ans. Mais c'était trop beau pour être vrai, pour que ça continue comme ça.

Je m'en souviens encore très clairement, même si avec le temps quelques détails deviennent de plus en plus flous. Mais je me souviens distinctement du visage de ma mère quelques secondes après avoir décroché le téléphone de la maison, son visage qui s'est décomposé, et ses larmes lorsqu'elle a raccroché. Il lui a fallu au moins dix minutes, alors que j'étais dans le doute complet, pour qu'elle réussisse à me dire entre deux crises que mon père était mort lors d'un accident sur autoroute. Nous n'avons jamais su qui était le fautif de cet accident, peut-être mon père et l'autre conducteur mort. Les témoins ne pouvaient que dire le terrible choc qu'il y a eu après, les bris de verre partout, et les corps sans vie. Ce fut un tournant radical dans notre vie. Personne ne s'en est jamais remis. En même temps, qui peut se remettre de cela ? Mais nous avons après changé complètement de vie. Nous avons déménagé à Monaco, nouvelle maison, nouveaux amis. Ma mère ? Elle a eu une ou deux histoires, mais sans importance, il est clair qu'elle ne peut pas oublier mon père. Courageux et triste de sa part. Quant à moi, j'ai fait ma vie. Je pense être devenu quelqu'un de bien, je l'espère. Certes, je fais la fête, et j'en profite. Je ne suis peut-être pas l'homme le plus gentil, ou le plus fidèle. Bon d'accord, ça c'est mal. Mais je sais ce qu'il faut faire et ne pas faire, mon éducation est très bien, et je ne suis pas irrespectueux envers les autres. Je suis bien comme je suis, enfin à part que je n'ai pas trouvé la personne qu'il me fallait, peut-être parce que j'en n'ai pas envie, mais aussi parce que je vois comment est ma mère. L'amour fait souffrir, ce n'est probablement pas pour moi.