Je suis né dans une famille modeste, on a jamais roulé sur l'or, mais on a jamais manqué de rien non plus. Nous partions au ski en hiver, dans les alpes, et nous allions à la mer en été, voir un paysage qui changeait de notre Nice natal. J'avais toujours vécut là bas avant de m'envoler vers Canne, la vie à Nice était paisible, c'était une ville du Sud comme beaucoup d'autres villes du Sud. Ma mère bossait dans un bureau d'avocat comme secrétaire, elle était pas trop mal payée, c'était pas ce qu'elle voulait faire à la base mais elle était tombée enceinte de moi trop tôt pour continuer ses études, elle n'avait jamais souhaité les reprendre, la vie qu'elle menait lui convenait finalement et trier des dossiers et répondre au téléphone, ce n'était pas un métier si difficile que ça. Mon père lui, travaillait pour le système des transports en commun de Nice, il était chauffeur de bus et c'était un métier assez bien rémunéré, pas toujours facile, mais pas trop dur non plus. Le pire c'était l'été disait-il, avec tous les touristes, et la chaleur, la clim qui fait défaut, les gens qui se plaignent, les jeunes excités qui font du bruit, les vieux qui meurent de chaud.. J'avais une soeur plus jeune que moi, d'un an ma cadette, notre petite différence d'âge avait fait que nous avions réellement grandit ensemble, sans décalage. Nous pouvions compter l'un sur l'autre en toutes circonstances. Je la couvrais lorsqu'elle faisait le mur au lycée pour voir son petit copain que mes parents n'approuvaient pas, et réciproquement, elle m'aidait lorsque j'en avais besoin. Nous avons été pendant de longues années inséparables, nous aimions les même choses, découvrions la vie ensemble, je l'aidais à comprendre les garçons, elle m'aidait à comprendre les filles et je pense que sans elle, je ne serais sans doute pas le même. Elle avait plus confiance en moi que quiconque, elle avait toujours cru en moi, elle m'avait toujours poussé, elle avait toujours été fière, quoi que j'ai put faire. Au lycée surtout, elle se vantait d'être la petite soeur Marchal. J'étais assez populaire, je m'entendais bien avec tout le monde, rarement pris dans les embrouilles j'étais souvent un médiateur qui trouvait des compromis perspicaces. J'avais le sens du relationnel, on me disait toujours que j'aurais put faire un très bon attaché commerciale, ou que j'aurais été excellent dans un métier de la communication. Mais j'étais plus intéressé par les chiffres et l'économie. J'avais décidé de travailler dans la banque et après avoir eu mon bac ES avec mention, je m'étais donc tourné vers la formation adéquate à mon ambition. J'étais parti à Canne pour mes études, non pas car les écoles là bas y étaient de qualité, pas du tout d'un point de vue professionnel en fait, si j'y étais allée, c'était uniquement à cause d'une fille, ma meilleure amie, celle que j'avais toujours aimé et ce, depuis que je l'avais rencontré. Ca peut paraître ridicule, et peut être que ça l'est, après tout je m'étais accroché à elle pendant de nombreuses années, j'avais toujours espéré qu'un jour, enfin, elle se rendrait compte que j'étais là, que je l'attendais depuis tout ce temps, presque désespérément. C'était l'espoir qui m'avait fait vivre, j'avais souffert chaque fois que je l'avais vu avec un autre garçon, au collège, au lycée, à la fac... Je n'avais jamais supporté qu'un autre que moi la regarde, la touche, la prenne dans ses bras, et pourtant, j'avais fait l'autruche toutes ces années parce que je n'avais pas voulu risquer de perdre notre amitié. J'aurais put continuer à vivre ainsi longtemps. Peut être serais-je mort de désespoir à la fin, un amoureux transi, martyr d'une femme qui ne réalise pas qu'il existe. Certes, Mélanie, car c'est ainsi qu'elle s'appelait, avait conscience de mon existence, nous étions meilleurs amis, mais j'avais l'impression qu'elle ne m'avait jamais vu comme plus que ça, que ça ne lui était jamais passé par la tête, et que par conséquent, j'étais condamné à me murer dans le silence, à vivre ainsi. Heureusement, les choses ne se sont pas passés ainsi et arriva un jour où, par le plus grand des miracles, Mélanie me déclara sa flamme, j'ignorais à ce moment là ce qui avait put la pousser à faire ça, j'appris plus tard qu'elle avait surpris une conversation téléphonique que j'avais eu avec son père et auquel j'avouais clairement mon amour pour sa fille sur qui je veillais pendant son absence. A partir de ce moment là alors, ma vie avait prit un tournant considérable. J'étais plus heureux que je n'aurais put imaginer l'être, j'avais le métier que je voulais, la femme que je voulais et tout semblait se dérouler pour le mieux. Comme quoi, à force d'espérer on finit par gagner, des miracles se produisent tout les jours, parfois si insignifiant, si banal.. Et pourtant, ils changent une vie. Voila un an que nous sommes ensembles à présent, tout se passe toujours aussi bien et nous avons décidé d'habiter ensemble, au plus grand dame de ma soeur cadette qui, malheureusement, n'adhère pas trop à notre union. Il fallait bien une ombre au tableau, ma soeur qui m'avait vu pendant toutes ces années souffrir pour cette fille que je pensais inatteignable, ne tolérait pas que du jour au lendemain, la fille que j'aimais se tourne vers moi, elle trouvait ça trop gros, comme si ça avait été par intérêt; je méritais mieux selon elle, j'avais souffert pendant trop longtemps pour pouvoir être avec elle et il était préférable de son point de vue, que je trouvai une autre fille qui ne me mènerait pas en bateau. Je n'avais pas l'impression d'être mené d'une quelconque manière pour ma part, il m'était difficile d'expliquer à ma soeur que les intentions de ma petite amie était sincère, j'en étais persuadé mais elle non, elle ne cessait de me dire que j'allais me faire avoir et que la chute serait encore plus difficile.. J'avais décidé de l'ignorer et d'éviter le sujet lorsque j'avais la possibilité de la voir. Elle tentait toujours tant bien que mal de remettre ça sur le tapis, je m'entêtais à ne pas en parler. Après tout, ça ne la regardait pas et j'étais bien trop heureux pour l'écouter.